L’incontinence fécale : le sujet tabou… dont il vaut mieux parler !

On parle d’incontinence fécale lorsqu’il y a des pertes involontaires de matières fécales liquides ou solides. Elle se manifeste par une souillure involontaire des sous‑vêtements et des besoins urgents d’aller à la selle. Cette incontinence est due le plus souvent à un dysfonctionnement des nerfs ou des muscles du plancher pelvien, qui perturbe le contrôle du sphincter anal.

La fréquence de l’incontinence fécale augmente avec l’avancée en âge puisqu’elle est étroitement liée au degré de dépendance physique ou mentale de la personne. Toutefois, en présence de facteurs prédisposants, toutes les tranches d’âge sont susceptibles d’être concernées. L’incontinence fécale peut notamment survenir suite à un accouchement par voie naturelle, un traumatisme de la moelle épinière ou une intervention chirurgicale. Certaines maladies neurologiques ou les dysfonctionnements chroniques du transit, sous forme de diarrhée ou de constipation, peuvent aussi en être la cause. Notons également que si elle est plus fréquente chez la femme, l’incontinence fécale peut néanmoins toucher les hommes.

Actuellement, l’incontinence fécale reste très souvent cachée parce qu’elle est considérée comme une maladie honteuse : moins de la moitié des personnes concernées s’adresse à un médecin en vue d’un diagnostic et d’un traitement. Toutes les autres sont donc fatalistes et elles préfèrent éviter les contacts sociaux et ne pas pratiquer d’activité sportive de peur de se trouver dans des situations embarrassantes, en salissant leurs vêtements ou leur siège, par exemple.

Pourtant, avec l’augmentation de l’espérance de vie et le vieillissement de la population, ce problème risque d’être de plus en plus fréquent. Alors si vous êtes concerné, n’hésitez pas à en parler à votre médecin ! Il faut absolument briser ce tabou puisqu’il existe bien des solutions pour traiter l’incontinence

Bien sûr, le type de prise en charge médicale dépend de l’origine de l’incontinence fécale. Par exemple, si celle-ci est due à des diarrhées chroniques, des médicaments destinés à ralentir le transit peuvent être prescrits. Au contraire, dans le cas de constipation chronique, le recours à des laxatifs non irritants, de type lactulose, peut s’avérer bénéfique.

En outre, des exercices rééducatifs pour renforcer les muscles du périnée et du sphincter anal peuvent être mis en œuvre par un kinésithérapeute. Ils sont généralement efficaces chez les personnes sans atteintes cognitives.

Mais il existe aussi une autre méthode de grande actualité : la neuromodulation. Cette technique utilise une électrode pour stimuler électriquement les nerfs et redonner aux patients le contrôle de leur passage à selle.

Enfin, en cas d’incontinence fécale très sévère, le dernier recours consiste à poser un sphincter anal artificiel par voie chirurgicale.

Quelques règles d’hygiène et de diététique peuvent également se révéler efficaces face aux fuites anales.

Il est notamment recommandé d’être attentif à ses envies, c’est à dire d’éviter de différer le moment d’aller à la selle.

Ou encore, lorsque l’incontinence s’associe à de la constipation, vous pouvez privilégier une alimentation riche en fibres pour favoriser le transit. Mais également boire beaucoup d’eau et faire du sport, dans la mesure du possible.

Ainsi, les options thérapeutiques sont variées et susceptibles de vous apporter une aide précieuse. Mais pour en bénéficier, osez en parler ! Brisez le cercle vicieux dans lequel les tabous vous enferment et retrouvez votre dignité !

Incontinence urinaire et fécale du sujet âgé. Corpus de Gériatrie 2000 ; chapitre 10 : 115-20.

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