Diabète et fuites urinaires : un duo méconnu du public

Lorsque nous mangeons, nous ingérons des sucres. Pour réguler le taux de sucres dans notre organisme, notre pancréas produit une hormone qui s’appelle l’insuline. Or, chez la personne diabétique, l’insuline est produite en quantité insuffisante ou n’agit plus correctement. Par conséquent, le taux de sucres s’accroît dans le sang. Une prise en charge s’impose, et ceci tout au long de la vie.

Mais avant tout traitement, il convient d’adapter son alimentation en modérant les apports sucrés. Une activité physique régulière est également vivement recommandée. Si ces mesures s’avèrent insuffisantes, le médecin prescrit des médicaments pour éviter les complications. En effet, les conséquences du diabète sont multiples et parfois graves puisqu’elles peuvent toucher les yeux, les reins, les pieds et les nerfs. L’atteinte nerveuse est d’ailleurs la plus fréquente et affecte, entre autres, le fonctionnement de la vessie.

La vessie est soumise à une alternance de phases de remplissages et de vidanges. Ces phases sont sous le contrôle du système nerveux dit autonome (c’est-à-dire non soumis au contrôle volontaire), en plus d’une commande cérébrale volontaire. Après de longues années d’évolution du diabète, et en particulier lorsque la maladie n’est pas correctement prise en charge par une hygiène de vie appropriée et des médicaments, des troubles mictionnels peuvent apparaître. En effet, lorsque le système nerveux autonome est atteint, le contrôle des mictions s’en trouve altéré et donne lieu aux fuites urinaires.

Peu à peu, certains symptômes apparaissent : le besoin d’uriner s’émousse et les mictions sont moins fréquentes. Le jet urinaire est en outre plus faible ou bien la sensation de vidange incomplète. L’atteinte nerveuse est en effet responsable d’une baisse de sensibilité de la vessie, ainsi que de troubles de la contraction du muscle vésical. Souvent, la vessie devient paresseuse et ne se vide plus suffisamment. Le résidu d’urine dans la vessie peut être tel qu’une incontinence apparaît : par regorgement, la vessie déborde.

Mais le trouble inverse peut également se produire, c’est-à-dire que la vessie peut devenir hyperactive en raison de contractions anarchiques du muscle vésical. Le patient souffre alors d’une incontinence par impériosité : les besoins deviennent très urgents, même pour de faibles quantités d’urine. L’incontinence est alors due à une vessie qui se contracte au mauvais endroit, au mauvais moment. Au départ, ces sensations sont discrètes, l’évolution est très progressive et la personne ne s’en plaint pas forcément.

Heureusement, ces troubles d’incontinence peuvent très bien être pris en charge. Un bilan uro-dynamique permet, en effet, de faire un diagnostic précoce et de choisir les solutions les mieux adaptées. Dans le cas d’une vessie trop paresseuse, des « auto-sondages » permettent d’évacuer l’excès d’urine et de préserver les reins. Quant aux vessies hyperactives, elles sont facilement traitées par des médicaments.

Dans tous les cas, la découverte d’un diabète impose des visites régulières chez le médecin traitant. Si vous avez des questions, posez-les ! Votre médecin est là pour vous épauler, il vous aidera à trouver des solutions efficaces.

Chartier-Kastler E, Averous M, Barrou B et al. Diabète et troubles mictionnels. Progrès en urologie 2000 ; 10 : 14-23.

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