Parler d’incontinence avec une personne âgée proche

En effet, il est très important pour les personnes, femmes et hommes, souffrant d’incontinence urinaire d’en parler. Elles jugent souvent leur situation comme dégradante et l’associe à une régression. Sans compter les réprimandes liées au « pipi dans la culotte » de leur jeunesse que cela leur rappelle. Elles se replient alors sur elles-mêmes, et votre mamie ne fait pas exception à la règle. Cet isolement volontaire peut avoir des conséquences dramatiques sur la qualité de vie. Des chercheurs finlandais ont montré¹ l’existence d’un lien entre baisse de moral, déprime, voire même dépression, et incontinence par impériosité.

Offrir à votre grand-mère une oreille attentive est capital, encore faut-il choisir le bon moment pour en parler. Le sujet n’étant pas facile à aborder, attendez d’être seul avec elle pour en parler. Pour ne pas la braquer, profitez d’un bon moment entre vous, lors d’un moment en cuisine ou d’une promenade par exemple. L’incontinence n’étant pas une maladie contagieuse ou fatale, inutile de dramatiser les choses. Prenez un ton naturel, faites lui comprendre qu’elle n’a aucune raison d’avoir honte. Attention à ne pas l’infantiliser. Les fuites urinaires ne sont en aucun cas synonyme de sénilité.

Lorsqu’elle sera prête à en parler avec vous – cela peut prendre du temps –, écoutez-la sans l’interrompre. Votre mamie pourra partager avec vous son ressenti et ses craintes. Rassurez-la alors en lui expliquant qu’elle est loin d’être la seule à souffrir d’incontinence urinaire. C’est un trouble au contraire très courant. En moyenne, une femme sur quatre et un homme sur huit seront touchés à un moment ou un autre de leur vie, et ce quel que soit leur âge ou leurs origines socio-économiques. Il ne s’agit pas d’une maladie. Il ne s’agit pas d’une maladie quelle que soit sa forme : incontinence urinaire d’effort, incontinence par impériosité ou incontinence fonctionnelle…

Pour diverses raisons, les femmes souffrant d’incontinence n’osent pas en parler à un médecin² pour obtenir un traitement ou des solutions. Conseillez-lui de voir un spécialiste et n’hésitez pas à l’accompagner. Il pourra lui proposer des solutions pour améliorer son quotidien. Entre les protections pour fuites urinaires, les bandelettes sous urétrales, la rééducation périnéale, les médicaments ou dans certains cas le traitement chirurgical, votre grand-mère peut se sentir perdue.

Les traitements médicamenteux sont proposés en fonction de l’importance de la gêne et du type d’incontinence. Il existe un grand nombre de troubles liés à la miction : l’incontinence fonctionnelle, l’incontinence urinaire mixte…

Pour l’incontinence par impériosité, des médicaments sont possibles. Mais pour la plus fréquente, l’incontinence urinaire d’effort, la chirurgie est souvent le traitement adéquate.

Le médecin peut aussi proposer la rééducation. Ce traitement de l’incontinence peut être pratiqué par un médecin spécialisé. Le kinésithérapeute dispose de différentes techniques : exercices musculaires, comme les exercices de kegel, qui viendront solliciter le périnée, ou encore l’électrostimulation.

Parlez-en avec elle, guidez-la dans ses démarches afin de la rassurer.

En lui prouvant que vous êtes là pour elle, vous permettrez l’instauration d’une confiance entre vous. Alors que l’incontinence isole bien souvent les personnes touchées par ses mictions incontrôlées, vous construirez au contraire une nouvelle complicité.

Sources

¹ Severe depression determines quality of life in urinary incontinent women, Neurourol Urodyn, 2003;22(6):563-8

² Urinary incontinent women’s help-seeking behavior – development of a questionnaire mixed method, exploratory design

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